La ferme exemplaire de Pascal AVIGNON
Pascal Avignon produit des légumes en agriculture biologique depuis 2000. Après avoir travaillé dans un tout autre domaine, et après l’obtention d’un BPREA (ndlr : Brevet Professionnel Responsable d’Exploitation Agricole), son installation en tant qu’agriculteur relevait un peu d’un pari et rares sont ceux qui l’ont encouragé quand il a présenté son projet en agriculture biologique. Pourtant à l’heure actuelle son exploitation est bel et bien durable à tous les niveaux : agronomique, environnemental, social et économique.
Il dispose de 6 hectares de SAU (ndlr : Surface Agricole Utile) sur lesquelles sont cultivés 2.6 ha de maraîchage diversifié de plein champs, 0.4 ha de légumes sous serres froides, 2.6 ha de céréales pour la rotation et le repos des sols, et 0.4 ha de jeunes plantations d’arbres fruitiers divers.
Les espèces et variétés cultivées sont très nombreuses, offrant ainsi aux clients une gamme complète et variée de légumes sur quasiment toute l’année. L’ensemble de la production est commercialisé à l’état frais et en direct par l’intermédiaire de 3 AMAP (2 sur Aix en Provence et une sur Marseille).
Ce système convient bien à Pascal Avignon qui a un caractère très sociable, et qui y trouve une certaine sécurité pour la vente de ses produits, mais il constitue également pour lui une source de stress permanent car il s’agit d’une gestion en flux tendu, avec une planification très pointue, et une remise en question permanente.
La main d’œuvre est constituée de 2.7 UTH (ndlr : Unité de Travail Humain), dont Pascal Avignon et une salariée à plein temps, plus quelques saisonniers pendant la période de pointe.
Non loin de la Durance, les terres légères et homogènes. Leur fertilité est entretenue régulièrement par des apports conséquents de fumier ovin ou d’autres engrais bio du commerce, ainsi que par la réalisation d’engrais verts dès que cela est possible. Concernant la lutte phytosanitaire, Pascal Avignon n’utilise pratiquement aucun produit, même autorisé en bio, mais a pas mal recours en revanche aux lâchers d’auxiliaires (pour les serres).
Le choix de l’agriculture biologique résulte d’une forte implication de l’exploitant pour la protection de l’environnement et de la santé.
Le diagnostic
Le diagnostic utilisé sur les fermes de ce réseau a été mis au point par le GR CIVAM PACA et Bio de Provence. Il est basé sur le regroupement de deux diagnostics conçus par Solagro : DIALECTE, qui évalue le fonctionnement de l’agro système, et PLANETE, qui établit le bilan énergétique et l’impact de l’exploitation sur les gaz à effet de serre ; avec en complément des indicateurs sur la gestion de l’eau, un indice global sur la gestion des déchets, et enfin des indicateurs
de durabilité économique et sociale (issus du RAD). L’ensemble de ces éléments permettent d’établir un plan d’actions global sur l’exploitation, garant d’une cohérence agronomique, environnementale et économique.
Energie
Energie consommée 4922 EQF par an, soit 820 EQF / ha de SAU, ce qui la situe en dessous de la consommation moyenne des fermes de référence de la base Planète. ceci montre les efforts déjà consentis par Pascal Avignon pour économiser l’énergie. Ce sont principalement des énergies directes : gasoil et fioul qui sont consommées.
Répartition de l’énergie directe et indirecte consommée en 2009 sur l’exploitation de Pascal Avignon
Les énergies directes représentent 70 % de la consommation totale d’énergie :
La consommation numéro un est celle des « autres produits pétroliers » avec 1500 litres de gasoil utilisé pour la livraison des AMAP et l’acheminement des fournitures sur l’exploitation, 120 litres d’essence consommée par une motopompe pour l’irrigation, et 120 litres de lubrifiants.
Ensuite vient la consommation de fioul, avec 1100 litres par an. Cela correspond au fonctionnement du tracteur pour les différents travaux sur les parcelles.
Les énergies indirectes ne représentent que 30 % de la consommation totale d’énergie : La principale consommation indirecte est l’énergie entrant dans la fabrication du matériel et des plastiques agricoles (9 % chacun) Puis vient l’énergie entrant dans la fabrication des engrais, et enfin celles ayant servi à fabriquer les semences et les produits phytosanitaires.
Energie produite
8703 EQF par an. Elle correspond à l’énergie contenue dans les divers légumes cultivés.
Efficacité énergétique
Énergie produite / énergie consommée = 1.77 (supérieur à celle des fermes de référence)
Gaz à effet de serre
Au total environ 14 tonnes équivalent CO2 sont émises par l’exploitation et par an, soit 2.3 t éq CO2/ha/an. La production de CO2 est très nettement la principale contribution de l’exploitation sur l’augmentation de l’effet de serre : Elle est liée essentiellement à la combustion des carburants, et à la fabrication du matériel et des plastiques. Très peu de protoxyde d’azote (N2O) est produit, par la fixation symbiotique des légumineuses.
Eau
L’exploitation est desservie par le Canal EDF de la Durance, et est située sur l’ancien lit de la Durance. L’eau est donc disponible à volonté, de fait l’irrigation est faite à la raie ; en revanche la nappe peut très facilement être polluée.
Gestion quantitative : L’irrigation à la raie entraîne une consommation de volumes importants, mais dans ce cas précis le cycle de l’eau n’est pas perturbé.
Cette gestion peut toutefois être améliorée par un suivi tensiométrique.
Gestion qualitative : les pratiques n’entraînent aucun risque sur la ressource en eau car aucun pesticide ni engrais chimique n’est utilisé, et le bilan CORPEN NPK est équilibré.
Déchets
Note globale de 0.8, sur une échelle de 0 à 15 (0 étant la meilleure note).
Exploitation exemplaire sur la gestion des déchets.
Très peu de déchets sont produits et tous sont triés. Aucun déchet n’est brûlé.
Les déchets verts (résidus de culture et écarts) sont enfouis dans le sol. Tous les déchets non recyclables sur place (huiles usagées, quelques bidons plastiques,
1 ou 2 pneus, une batterie, paillage plastique) sont apportés consciencieusement, et séparément, à la déchetterie municipale.
Enfin Pascal Avignon utilise très peu d’emballages pour la vente de ses produits.
Agri environnement
Ce graphique permet de visualiser d’un coup d’œil l’impact agri environnemental de l’exploitation : plus la surface colorée est faible, plus la note obtenue
à l’indicateur est bonne.
Résultat du Diagnostic
DIALECTE : 63/100 soit 12 points de plus que la note du groupe de référence.
Points forts
Bonne diversité des productions végétales.
Couverture totale des sols en hiver
Bonne proportion d’éléments naturels (haies) : 11 % de la SAU
Taille moyenne des parcelles très favorable à la biodiversité et à la protection des cultures
Bonne gestion de la matière organique.
Bilan NPK équilibré.
Bonne gestion de l’eau
Lutte phytosanitaire respectueuse de l’environnement
Points faibles
L’absence d’élevage entraîne l’impossibilité de complémentarité agronomique entre les productions végétales et les productions animales.
La proportion de légumineuses est un peu faible (10 %)
Socioéconomique
La durabilité socioéconomique est bonne.
Les points positifs sont une bonne qualité de vie, une bonne socialisation, une absence de dépendance aux aides, une excellente occupation du territoire,
une bonne transmissibilité, une très bonne efficacité du capital et une très bonne autonomie financière (faibles annuités).
Les améliorations portent sur les conditions de travail (absence de bâtiment), l’efficacité économique, les contraintes structurelles et l’autonomie, toutes trois
liées à un niveau trop élevé de charges (amendements, plants, main d’œuvre…) par rapport au chiffre d’affaire.
Bilan
Points forts
Bilan agro environnemental très bon, du fait notamment de la conduite des cultures en mode AB.
Grande diversité des espèces et variétés cultivées.
Gestion des déchets exemplaires
Consommation d’énergie à l’hectare en dessous de la valeur des fermes de référence.
Commercialisation locale et directe induisant une quasi absence d’utilisation d’emballages et une absence totale de stockage (donc par d’énergie dépensée pour maintenir au frais).
Points faibles
Conditions de travail difficiles du fait de l’absence de bâtiment agricole
Consommation importante de gasoil pour la vente directe.
Consommation assez élevée de fioul.
Charges d’exploitation élevées par rapport au chiffre d’affaire.
Les projets / le plan d’actions
Sur la base du diagnostic et des projets de l’exploitant, le plan d’actions suivant a été élaboré :
Énergie
Pour réduire sa consommation de fioul, Pascal Avignon va se former à la traction animale pour certains travaux agricoles (binage, désherbage), et investir dans un cheval de trait. Celui-ci permettra une économie annuelle nette de 152 EQF.
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Retro kit
La pose d’un kit économiseur de carburant sur le tracteur permettra une économie de 125 EQF par an.
Photovoltaïque M. Avignon souhaite profiter de la toiture sud de son futur bâtiment d’exploitation pour devenir producteur d’électricité renouvelable pour le réseau.
Une installation photovoltaïque d’une dizaine de kilowatt crête sera installée et permettra de compenser une bonne partie des consommations annuelles de l’exploitation.
Déchets
Paillage biodégradable : Afin de diminuer la quantité de déchets non recyclables produits par l’exploitation, Pascal Avignon souhaite remplacer
le paillage plastique par du paillage biodégradable.
Eau
Suivi technique de l’irrigation : Afin d’améliorer la gestion quantitative de l’eau sur l’exploitation, un suivi de l’irrigation, avec pilotage par sondes tensiométriques, va être réalisé par l’ARDEPI. Il permettra certainement d’affiner les déclenchements et les quantités d’eau apportées à chaque irrigation.
Socioéconomique
Construction d’un bâtiment en éco construction : En vue d’améliorer ses conditions de travail et celles de ses salariés, Pascal Avignon a besoin d’un bâtiment dans lequel abriter son matériel, préparer ses légumes pour les AMAP et marchés, et abriter des sanitaires pour les salariés (WC + douche).
Dans ce bâtiment sera construit également un box pour le cheval de trait. Enfin à moyen terme ce bâtiment abritera un petit point de vente collectif que Pascal Avignon est en train de monter avec plusieurs agriculteurs de Mallemort. Afin de limiter le plus possible l’impact environnemental de la construction de ce bâtiment, Pascal Avignon a choisi de le construire en matériaux naturels : ossature en bois, murs en paille, et enduits à la chaux.
Partenaires
Bio de Provence
Fédération Régionale de
l’Agriculture Biologique
Maison de la Bio– Agroparc
BP 1221 – 84911 – Avignon cedex 09
Tél : 04 90 84 03 34 – Fax : 04 90 84 03 33
contact@bio-provence.org – [www.Bio-Provence.org]
Avec le soutien de la région PACA